Comme des gens honnêtes,
Il s’affiche nonchalamment sur Internet.
En prenant soin de choisir le bon filigrane,
Nous en égrainons quelques grammes sur Instagram.
En n’exposant que notre meilleur look,
Nous le diffusons quotidiennement sur Facebook.
Comme si nous avions tous gagné le concours Lépine,
On distille notre supposée science sur LinkedIn.
Que notre vie soit en or ou en toc,
Nous en consommons de longues minutes sur Tik Tok.
Deux à trois heures par jour,
Nous scrollons frénétiquement sur ces réseaux,
Fascinés par la joie de tous ces zozos.
Affabulés, hypnotisés, nous en redemandons encore et toujours.
Ô gloire au dieu écran,
Qui, sous les doigts des petits et des grands
Expose nos vies aseptisées par tous les vents
Sans que l’on en soit toujours bien conscient.
Où est-il le temps où les jeunes enfants
S’émerveillaient par tous les temps ?
Et tout cela sans une once d’écran ?
Un caillou en guise de ballon.
L’odeur de la terre par temps de pluie.
La folie d’un bain de minuit.
Des bottes, une flaque d’eau, mouillant gaiement notre pantalon.
Le chant du vent dans un arbre.
Les formes devinées dans les nuages .
Et tous ces petits riens qui ont traversé les âges.
Que sont-ils devenus tous ces beaux moments,
Tous vécus systématiquement dans le présent ?
Où a-t-elle disparu cette innocence de l’enfant ?
Ce temps où nous ne craignions pas le passé
Où le futur ne parvenait pas encore à nous influencer.
Ce temps où nous ne croisions aucun regard jugeant.
Oyez, chers Peter Pan agissant tels des enfants perdus,
Qu’attendons-nous pour réagir ?
Que notre temps soit échu ?
Qu’à l’aube de notre dernier soupir,
Nous ne sachions plus que dire ?
Sachez chers honnêtes gens,
Que le bonheur ne s’obtient pas avec de l’argent.
Que pour le trouver, il est vain de le chercher.
Il vous suffit pourtant pour l’obtenir,
De votre état d’enfant simplement vous souvenir.
Et de réapprendre à profiter
De chaque moment, de chaque journée.
Comme certains moines venant de montagnes éloignées l’ont pensé,
« Ici et maintenant » est le mantra qui en est la clé.
